21 > 23 janvier 2021
Optique, lettre, arts : une herméneutique critique ?

Publié le 3 décembre 2020 Mis à jour le 3 décembre 2020

Colloque international organisé par le laboratoire Il Laboratorio

L’hypothèse principale soumise à l’étude des participants est celle de la double utilité de l’optique, qui permet simultanément de représenter le réel et de l’interpréter de manière critique, en particulier lorsqu’il s’agit de donner figure aux trois invisibles majeurs de la modernité : l’invisible du pouvoir drapé dans la raison d’Etat, l’invisible de Dieu sur lequel s’interrogent religieux et libertins, l’invisible de la nature des choses soumis à la sagacité des philosophes et des scientifiques.

La  singularité  d’Il  Laboratorio,  équipe  organisatrice  du  colloque,  repose  sur  le  rassemblement  de spécialistes des langues et des littératures, italienne et française, autour de thématiques fédératrices par leur transversalité. Lors des précédentes années, séminaires et manifestations se sont donné pour objectif de comprendre les liens entre les Lettres et les savoirs à l’aube de la Modernité, tels que permettaient de les réenvisager  les  échanges  franco-italiens.  Après  le  travail  mené  sur  « l’œuvre  de  rupture »  durant  le quinquennal 2015-2019, qui a abouti à un premier recueil sur les échanges culturels entre le royaume de France et la Péninsule (Œuvres en rupture entre France et Italie, PUM, 2018), les chercheurs de l’équipe ont travaillé en 2018-2019 à comprendre les « Modalités littéraires de la circulation des ‘textes de savoir’ entre France et Italie (Renaissance-XVIIe siècle) », au fil d’un séminaire dont la publication est en cours aux Presses Universitaires de Bordeaux. Ces années ont vu collaborer des membres des départements de Lettres modernes et d’Italien. C’est en pleine cohérence avec cette démarche qu’une partie des professeurs, maîtres de conférences, docteurs et membres de cette équipe s’engage désormais dans la tenue d’un colloque international ayant pour objet la valeur paradigmatique que revêt l’optique pour représenter et penser le réel dans la première modernité. 

Ce colloque rassemblant pendant trois journées 29 chercheurs français et étrangers a pour objet de comprendre pourquoi les Lettres, et en mode mineur les autres arts, accordent une si grande place aux références et dispositifs issus de l’optique (perspectiva naturalis et perspectiva artificialis, optique proprement dite et technique perspective). Ce phénomène est étudié par lui dans la période allant des derniers épisodes des guerres de religion, qui marquent une unité politique retrouvée, à la fin du règne de Louis XV, c’est-à-dire de la réception européenne du Concile de Trente au déclin de la monarchie absolue. Outre son unité politique, cette période est aussi cohérente sur le plan scientifique, dans la mesure où elle se situe entre la refondation de l’optique par Johann Kepler (Paralipomènes à Vitellion, 1604) puis René Descartes (La Dioptrique, 1637), et la diffusion mondaine de l’optique newtonienne. Celle-ci est marquée par l’œuvre de Voltaire et Emilie du Châtelet en France, de Francesco Algarotti (mort en 1764) en Italie (Le Newtonianisme pour les dames, 1737), ou encore les travaux de Louis-Bernard Castel (mort en 1757) sur le clavecin oculaire, qui intéressèrent notamment, outre les encyclopédistes comme Diderot, des musiciens comme Georg Philip Telemann.

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F. Libral