• Zoom,

Trois enseignant.e.s-chercheur.e.s nommé.e.s à l’IUF !

Publié le 24 mai 2019 Mis à jour le 24 mai 2019

Bérénice Bonhomme, Sylvie Chaperon et Franck Cochoy ont été nommé.e.s membres de l’Institut Universitaire de France.

L’IUF : un réseau de l'excellence universitaire en France et à l'étranger.

L'Institut a pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l'interdisciplinarité, en poursuivant trois objectifs :
• encourager les établissements et les enseignants-chercheurs à l'excellence en matière de recherche, avec les conséquences positives que l'on peut en attendre sur l'enseignement, la formation des jeunes chercheurs et plus généralement la diffusion des savoirs ;
• contribuer à la féminisation du secteur de la recherche ;
• contribuer à une répartition équilibrée de la recherche universitaire dans le pays, et donc à une politique de maillage scientifique du territoire.
Chaque année, l’institut organise une campagne de candidatures pour recruter de nouveaux membres : seul critère d’éligibilité, être enseignant.e et chercheur.e dans un établissement public à caractère scientifique.
 

Bérénice Bonhomme : nommée membre junior


Bérénice Bonhomme est maître de conférences au laboratoire LARA-SEPPIA. Spécialiste du cinéma contemporain et réalisatrice de courts-métrages, ses travaux questionnent la question de la création en cinéma, suivant une idée qui peut paraître simple mais permet l’ouverture à un fort potentiel : « Le cinéma, c’est faire avec et faire ensemble ». Bérénice Bonhomme tient compte, dans sa démarche scientifique, des différents moyens techniques et de la dimension collective du processus de création des œuvres cinématographiques. Elle a co-fondé avec Katalin Pór (2L2S, Université de Lorraine) un groupe de recherche qui réunit des chercheurs autour de la question de l’équipe de film : « La Création collective au Cinéma ».
 
Son projet IUF concerne le film d’animation Persepolis réalisé par M. Satrapi et V. Paronnaud adapté de la bande-dessinée autobiographique de Marjane Satrapi. Dans cet objet d’étude, le récit autobiographique va de pair avec d’une dynamique de travail en coréalisation qui mobilise d’une équipe nombreuse. Cela pose les questions suivantes : comment se transmet une création, de l’individu au collectif ? Quels choix artistiques et techniques sont choisis ? Comment chacun participe à la fabrique du film ? 
 
Bérénice Bonhomme commencera par un travail d’enquête : identifier les archives et les classer est une première étape nécessaire pour comprendre le processus de création. Cette première recherche ne peut se faire sans rencontrer les différents membres de l’équipe. Bérénice Bonhomme conduira ainsi une série d’entretiens afin de retracer fidèlement le parcours du film,  et cela dans ses moindres détails. Le projet est de saisir l’énergie collective en se concentrant sur un objet d’étude circonscrit mais il ne s’agit pas d’un simple exemple. C’est bel et bien un cas, qui dans sa singularité s’avère éclairant.
 
Bérénice Bonhomme enseigne à l’ENSAV et ne conçoit pas la recherche sans l’enseignement, ni sans la création. « La recherche, tout comme la création, tout comme l’enseignement, c’est un élan, un partage, un échange, une transmission ! » Bérénice Bonhomme avoue que ce projet lui tenait à cœur depuis plus de 4 ans. Pari réussi, nous lui souhaitons autant de succès dans la poursuite de son projet ! 
 

Sylvie Chaperon : nommée membre senior

Sylvie Chaperon est professeure d’histoire contemporaine au département d’histoire et rattachée au laboratoire FRAMESPA, dont elle est directrice adjointe. Spécialiste des questions de genre, ses travaux s’intéressent d’une part à l’histoire du féminisme et Simone de Beauvoir, et l’histoire de la sexualité et de la sexologie d’autre part. Dans cette double perspective, l’historienne cherche à contextualiser les discours scientifiques qui construisent en partie les normes sociales de la sexualité. 
 
Son projet IUF s’inscrit dans la continuité directe de ses travaux puisqu’il a un titre explicite « La fabrique du sexe et de la sexualité. Histoire de la sexologie dans le contexte de la Guerre Froide – France / Europe. » Sylvie Chaperon a volontairement intégré dans ce projet ses nombreuses activités de recherche  : la direction de thèses sur la thématique du genre, l’animation de la recherche dans l’axe Corpus de son laboratoire et dans  le réseau ARPEGE . Outre plusieurs programmes de recherche collectifs, L’objectif de son projet est la rédaction de deux ouvrages personnels. 
Le premier concernera Simone de Beauvoir, figure incontournable du féminisme, puisqu’elle souhaite questionner la réception de l’auteure dans les différentes cultures. Elle soulève ainsi des enjeux de traduction bien sûr mais aussi des enjeux sociétaux de reprises ou de contestations des essais de la « jeune fille rangée ». Elle projette ainsi un colloque international. Ce qui l’intéresse particulièrement, c’est de voir comment Simone de Beauvoir déconstruit les normes de la sexualité tant dans ses écrits que dans sa vie privée, puisqu’elle connaît plusieurs amours masculines et féminines, ces dernières étant encore cachées. Il ne s’agira donc pas d’une biographie mais d’un ouvrage qui « décode » les correspondances et les essais pour comprendre la mise en mot d’une vie sexuelle transgressive.
 
Le deuxième ouvrage personnel sera une « histoire du clitoris ». Si ce titre est vendeur, le sujet n’est pas si léger : Sylvie Chaperon y étudiera l’histoire du discours scientifique sur le clitoris.  Il ne s’agit pas d’un ouvrage d’érudition faisant le recensement exhaustif des discours, théories et traitements. Après une synthèse des données antiques, médiévales et modernes, elle comparera les discours scientifiques du XIXe siècle à nos jours selon la question du genre. En quoi le fait que les savants soient des hommes, hétérosexuels le plus souvent, pèse sur la formation du savoir ? Comment l’entrée des femmes dans les sciences change ce dernier ? L’historienne s’appuiera sur une variété de  sciences : anatomie, physiologie, endocrinologie, gynécologie, psychiatrie, psychanalyse, etc. Bien sûr, la question de l’excision et de la clitoridectomie, c’est-à-dire des pratiques d’ablation du clitoris, entreront dans l’étude. 
 
La spécificité de ce projet est sans doute la place que Sylvie Chaperon accorde à l’interdisciplinarité : au croisement des sciences humaines et sociales et des sciences du vivant, l’ampleur de sa réflexion alterne entre deux objets précis, l’organe féminin du plaisir et la vie sexuelle et amoureuse de Simone de Beauvoir. A travers ces deux études elle observe comment les normes de genre et de sexualité pèsent sur la sexualité des femmes, mais aussi comment une personne peut les intégrer, les reformuler et les transgresser  Nous souhaitons toute la réussite de son projet, et nous ne manquerons pas de la lire !
 

Franck Cochoy : nommé membre senior

Franck Cochoy est professeur de sociologie au laboratoire LISST-CERS (UMR CNRS  5193). Spécialiste de sociologie des marchés, il consacre ses travaux à l’étude des médiations marchandes qu’il aborde dans une double perspective technique et historique. Pour le dire simplement, Franck Cochoy s’intéresse à toutes les petites choses qui contribuent à rapprocher l’offre et la demande, de la conception à la mise en vente, de la vente à l’utilisation : publicités, marketing, emballages, chariots de supermarché, QR-codes… 
 
Son projet IUF, intitulé « Sociologie économique des produits jetables », s’inscrit dans le prolongement de cette longue réflexion sur les choses du marché. Au vingtième siècle, les objets jetables ont d’abord été synonymes de modernité, grâce à leur image de produits pratiques dont le renouvellement constant a favorisé la vie quotidienne et nourri la croissance, avant que l’on ne finisse par réaliser que ces mêmes objets ont des effets problématiques tant sur la santé des humains que sur l’avenir de la planète. 
 
Les produits que Franck Cochoy a retenus pour débuter son étude peuvent surprendre : son attention s’est portée sur les produits d’hygiène féminine. Deux raisons expliquent ce choix. D’une part, ces produits ont été parmi les premiers à avoir ouvert l’ère du jetable ; d’autre part, ils ont fini par soulever un délicat dilemme entre émancipation féminine et protection de l’environnement. Dans une perspective pluridisciplinaire, Franck Cochoy propose de retracer, sur la longue période, l’histoire de ces objets, en s’intéressant à l’ensemble de leurs constituants, c’est-à-dire autant aux composants techniques qu’ils rassemblent qu’aux préoccupations morales qui leur sont associées (insouciance, liberté, jetabilité, dégradabilité, recyclabilité, etc.). L’enquête s’appuiera sur l’analyse de plus d’un siècle de brevets des produits considérés aux États-Unis, et sera complétée par l’étude de diverses archives. Elle s’attachera à restituer l’évolution des « soucis » des concepteurs et des utilisateurs, la plus ou moins grande sensibilité des ingénieurs aux questions sociétales, et donc la façon dont les produits et leurs designers participent subrepticement à la définition de nos vies, contribuent aux questions de genre et d’environnement, etc.
 
Franck Cochoy a mûri son projet d’étude des produits jetables grâce à ses échanges avec une consœur australienne, Gay Hawkins, et grâce à l’encadrement d’un travail d’étudiantes de L3 sur ce thème. Il s’est familiarisé avec les outils qui permettent l’analyse des brevets grâce à un collègue de l’IRIT, Guillaume Cabanac, et grâce à l’aide de stagiaires de l’IUT d’informatique. L’enseignement et la recherche sont donc pour lui complémentaires et, si le projet IUF est un projet individuel, la réalisation de la recherche est définitivement un travail collectif. Un état d’esprit parfaitement en accord avec l’IUF : nous lui souhaitons le meilleur dans la poursuite de son projet !

Des nominations régulières à l’UT2J

En 2018, trois enseignantes-chercheurs de notre université avaient rejoint l’IUF en qualité de membre junior. 

Anne-Hélène Klinger-Dollé, pour le projet « Beatus Rhenanus et la pédagogie de Lefèvre d’Étaples : former intellectuellement dans un contexte de mutation culturelle »

Alexandra Dardenay, pour le projet « Anthropologie de l’habitat romain »

Hourya Molino-Machetto, pour le projet « La honte de soi : généalogies et déconstructions d’un sentiment moral au prisme de la philosophie critique de la race et du genre »