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Les fournisseurs de l'armée : fabrications, procédés, inventions (XVIe XXIe siècle)

Publié le 29 août 2022 Mis à jour le 19 septembre 2023
du 13 octobre 2023 au 14 octobre 2023

Organisé par le laboratoire FRAMESPA

De tout temps, l’Armée a été dépendante de fournisseurs privés pour son approvisionnement, ses matières premières, ses équipements, son armement et son domaine bâti. Aujourd’hui encore, elle est le premier acheteur de l’État. Si le titre de « fournisseur aux armées » est lié à la professionnalisation des armées depuis l’époque moderne, celui plus générique de fournisseur de l’Armée évoque une constellation de figures aux fonctions, actions et périmètres très divers selon les périodes, les armes et les théâtres d’opérations. Le fournisseur est, par ailleurs, rarement une figure isolée : il active des réseaux, orchestre, sous-traite, engage, collabore (avec des artisans, des inventeurs, des ingénieurs…). Les dynasties familiales s’y illustrent tout autant que les intermédiaires, agents et brookers, qui armaturent les réseaux.

D’un point de vue historiographique, l’histoire des fournisseurs a bénéficié depuis le début du xxe siècle de la vitalité de l’histoire sociale, administrative, économique et financière. Plus récemment encore, d’autres pistes de recherche ont été ouvertes. Elles mobilisent l’archéologie du champ de bataille, l’histoire connectée, l’histoire transnationale et transcoloniale, l’histoire des sciences et même l’archéologie des media. Cependant, d’une manière assez paradoxale, les approches matérielles et spatiales liées à l’étude des objets et des lieux de production ont été peu convoquées. C’est oublier que les fournisseurs des armées, tour à tour, marchands, négociants, détaillants, sous-traitants, manufacturiers, approvisionneurs, munitionnaires, fabricants, entrepreneurs, industriels ou magnats de l’industrial Warfare… ont produit, adapté et inventé une multitude d’objets. Leurs activités, se sont également déployées dans des architectures fonctionnelles (ateliers, hangars, bureaux…) et sur des sites (manufactures, usines, aéroports, arsenaux, bases, sites d’essais…) dont ils ont conçu et/ou commandité les modèles, plans, distributions et infrastructures.

C’est en suivant cette ligne directrice, favorisant le croisement d’objets et de lieux, que ce colloque a été pensé. Il s’inscrit, d’une part, dans le sillage de l’histoire matérielle qui, depuis les années 1990, promeut une écriture de l’Histoire non pas « avec » des objets mais « à partir » des objets. Il se fonde, d’autre part, sur le développement des approches spatiales qui engagent à concevoir le « lieu » comme un matériau d’étude à part entière. En d’autres termes, que nous apprennent les objets sur leurs méthodes et leurs pratiques de production ? Comment et qui les a pensés, dessinés, modélisés, fait fabriquer et parfois protégés par des brevets ? Dans quelles architectures et dans quels espaces ont-ils été produits ? Que nous apprennent ces lieux et leurs équipements sur les processus de création et de production ?
 
Contact :
Nicolas Meynen