Mélanie Kerloc’h, zoom sur une ancienne étudiante

Publié le 26 juin 2017 Mis à jour le 26 octobre 2018

Diplômée d’un master en psychologie clinique, elle est engagée depuis plusieurs années en tant que psychologue au sein de Médecins sans frontières.

Pourquoi avoir choisi l’Université Toulouse – Jean Jaurès ? Quelles étaient vos attentes ?

Mon choix s’est porté l’Université Toulouse II – Le Mirail, à l’époque, car je souhaitais faire des études en psychologie. Et puis, étant originaire d’Agen (Lot-et-Garonne), la proximité géographique avec Toulouse a aussi joué un grand rôle dans ce choix. Venir étudier à Toulouse représentait pour moi une réelle aventure, me permettait d’être indépendante et de me lancer dans la vie.

Pour mes attentes, je n’en avais pas vraiment à cette époque. Je ne savais pas si l’université me plairait. Je savais seulement que j’avais de l’intérêt pour le fonctionnement humain. Finalement, l’université fut pour moi une réelle rencontre avec le savoir.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours universitaire et sur ce qu’il vous a apporté ? 


Après un bac ES, j’ai réalisé 2 Deug (Diplôme d’études universitaire général), l’équivalent de la L2 aujourd’hui, en trois ans, un en psychologie et un second en sociologie. J'avais tout d'abrd opté pour une licence uniquement en psychologie et puis j'ai découvert la sociologie via la mineure en L1. La complémentarité de ces deux disciplines m’a permis de prendre conscience de la dimension individuelle et collective de l’être humain.

Grâce aux possibilités de passerelles entre les disciplines en sciences humaines et sociales, j’ai pu suivre et obtenir une licence en Ethnologie à l’Université Paris 5, en un an. À la suite de ça, j’ai souhaité revenir à « mes premières amours » et reprendre en L3 psychologie. Cette fois-ci, à l’UT2J, mais à distance, à l’aide du service d’enseignement à distance (SED) de l’université. Pour ma 4ème année (M1), je suis revenue sur site, au Mirail, et me suis spécialisée en psychopathologie, psychologie interculturelle et psychologie clinique. J’ai terminé mon cursus universitaire par un M2 en psychologie clinique et psychopathologie à la suite d’un examen d’entrée, assez dur dans mon souvenir.

Bref, un parcours riche ! Mais avant tout une formation intellectuelle qui m’a permis de développer un esprit critique et d’avoir un avis sur mon environnement.

Parlez-nous de vos études à l’université : vie quotidienne, engagement, enseignement… !

J’ai profité de mes années d’études pour m’engager pour certaines causes qui me paraissaient essentielles. J’ai pu participer au mouvement de soutien aux étudiants sans papiers : participation aux manifestations, aux réunions, etc.

Et puis, j’ai également travaillé en tant que vacataire étudiant à la fac, plus précisément à la BU (bibliothèque universitaire) et eu des jobs étudiants durant les vacances scolaires (usine, hôpital, saisonnier agricole, etc.). J’ai pu être directement confrontée au quotidien des personnes. Des exemples concrets qui m’ont bien aidée pour ma formation.

En parlant de ma formation, j’ai aussi effectué différents stages dans et hors cursus. Un en particulier m’a particulièrement marqué. C’était durant ma 4 ème année de psycho. Je l’ai effectué au sein d’une association dans ma région d’origine, le Lot-et-Garonne. Elle travaillait avec des personnes en situation de handicap mental et proposait une approche très intéressante via l’improvisation clown. J’ai d’ailleurs interrompu mes études entre le M1 et M2 pour intégrer cette association en tant que salariée.

Mes années d’études ont été aussi l’occasion de commencer à voyager. Là aussi, ce fut le début d’expériences très riches. J’ai découvert la différence et la notion d’étranger, en l’occurrence l’étranger, c’était moi. Je me savais femme mais pas blanche. C’est lors d’un de ces voyages, que j’ai fait un stage dans un hôpital psychiatrique à Dakar. Durant cette période, je vivais dans une famille sénégalaise rencontrée via des connaissances personnelles.

Quelles ont été vos expériences professionnelles ? Quelle profession exercez-vous aujourd’hui ?

Après plusieurs expériences, j’ai travaillé dans le Lot-et-Garonne, essentiellement avec des enfants, des adolescents et leurs familles. À côté de cela, j’ai participé à la mise en place d’une section de La Cimade (association nationale pour les droits des immigrés) dans le Lot-et-Garonne. J’y suis restée cinq ans. Et puis, j’ai voulu explorer la psychologie en humanitaire. J’ai donc déposé une candidature pour Médecins sans frontières (MSF). J’ai été retenue pour travailler dans un programme en Palestine. Pour cela, j’avais pris un congé sabbatique.

Je suis finalement restée 2 ans en Palestine. Puis je suis allée travailler au Népal pour une réponse d’urgence après les tremblements de terre, en Grèce pour monter un programme de santé mentale pour des réfugiés, en Ouganda dans le camp de Bidi Bidi. Aujourd’hui, je suis à Paris, toujours avec MSF, où nous allons ouvrir un programme pour les jeunes étrangers isolés qui ne sont pas reconnus comme mineurs par l’aide sociale à l’enfance (ASE).

Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants intéressés par votre parcours ?

Je leur dirais qu’il faut oser, être curieux. Mais aussi participer à la vie en société, en être acteur !

Si leur choix se porte sur l’humanitaire, je ne peux que leur conseiller de toujours appréhender ce contexte d’une manière critique. Ne pas l’idéaliser ! Travailler en France en tant que psychologue est important. Se forger une identité professionnelle et travailler sa posture vis-à-vis de l’éthique et de la déontologie aide à trouver un positionnement plus juste dans des contextes de crise.

Propos recueillis par Marguerite Boulle, service communication.