2023, belle année de réussites pour nos préparations aux concours nationaux

Publié le 11 octobre 2023 Mis à jour le 14 octobre 2023

Du major de promo à l'agrégation de lettres modernes aux bons résultats en langues, petite revue non-exhaustive de belles réussites 100% UT2J.

Vincent-Decamps-Agreg

Ce n’est pas tous les ans qu’un·e étudiant·e issu·e de l’UT2J dame le pion de la place de major à un concours d’agrégation aux étudiant·es issu·es de l’ENS ou d’une prestigieuse université parisienne. Et si cette personne n’est pas non plus passée par une classe prépa (ou CPGE), ça rend la statistique encore plus inédite… Y’a-t-il un secret ou une méthode particulière derrière cette remarquable réussite ? Quelles perspectives cela ouvre (ou pas) ? C’est Vincent Décamps – étudiant au parcours 100% UT2J inscrit en 2022/2023 à la préparation de l’agrégation de lettres modernes et classé premier à l’issue du concours – qui est le mieux placé pour y répondre !


3 questions à Vincent Décamps, major de l’agrégation externe en lettres modernes
 

Comment devient-on major de promotion à l'agrégation (sans être passé par les classes prépas ou l'ENS) ?

Depuis l’obtention de l’agrégation de lettres modernes, beaucoup de personnes m’ont félicité d’avoir réussi en dépit de mes études à l’Université Toulouse - Jean Jaurès, et je m’empresse toujours de les corriger : cette université, décriée et malmenée, est pourtant bien la condition de ma réussite. Il est vrai que mon entrée dans les études supérieures a été quelque peu contrariée par le blocage du campus au deuxième semestre en 2018, lors de ma première année de licence, et l’année de préparation au concours s’est d’ailleurs achevée dans d’autres locaux, après l’occupation du Gai Savoir, mais qu’importe après tout ? L’essentiel réside moins, il me semble, dans les privilèges octroyés par telle ou telle école (CPGE, ENS), que dans l’investissement des professeurs face à nous, d’abord, et dans notre propre participation au jeu du concours, par une lecture attentive des œuvres du programme, un entraînement régulier aux épreuves écrites et orales, sur table et à la maison, un intérêt réparti également sur toutes les matières, « techniques » comme littéraires, une rigueur dans l’analyse linguistique enfin. Mon parcours universitaire ne me fournissait peut-être pas le savoir littéraire d’un khâgneux ni les ressources d’un normalien, mais il m’a invité à interroger les œuvres, les questions littéraires, à ne rien prendre pour acquis et à lire, le sourcil levé, le regard neuf, ces textes qui se proposent à chaque fois comme des énigmes. Je n’ai pas travaillé plus que les autres, probablement pas mieux non plus, mais c’est peut-être cette curiosité amusée, posée sur les œuvres au programme, qui m’a permis de mieux les comprendre et d’entrer en sympathie avec les auteurs. Garder un regard neuf donc, et toujours, toujours, s’écouter, écouter ses amis, sa psychiatre, ses besoins physiques et psychiques, travailler en groupe (chaque réussite individuelle est d’abord une réussite collective, et l’énorme avantage de la préparation de l’UT2J réside peut-être paradoxalement dans son humilité, dans son petit effectif). Accepter, enfin, l’idée qu’un concours est une conjonction de circonstances, que les œuvres, les sujets d’oraux, sa santé le jour J, reposent aussi sur un facteur chance, que tout n’est pas de notre ressort – accepter de renoncer, de perdre le contrôle, en somme.
 

Qu'est-ce que ce classement vous apporte ou vous a apporté ?

La place de major de promotion n’apporte strictement rien d’autre qu’une valorisation de l’ego, et un (mini) coup de pouce pour les vœux d’affectation en tant que professeur stagiaire dans le secondaire. Quand on doute systématiquement de ses capacités et de sa valeur, ce numéro est un marqueur stable qui rassure quelque peu et autorise à se penser compétent dans son domaine, validé par une institution qui se veut exigeante et objective. Bon, et il y a l’orgueil aussi d’avoir fait mieux, un instant, que les normaliens ou les fils et filles de, biberonnés à la littérature et aux bons mots, quand il n’y a pas un seul livre chez mes parents, là où préférer passer une après-midi à lire plutôt qu’à courir intrigue. Mais tout cela dure peu, et ne demeure alors que la fierté immense lue dans les mots des professeurs, dans les sourires des amis, dans les yeux des parents, que l’on peine un temps à partager quand celles et ceux avec qui l’on a préparé toute l’année n’ont pas été reçus.
 

Qu'est-ce que vous envisagez comme parcours à présent ?

Maintenant, je suis rentré dans le grand univers parallèle de l’Éducation nationale, et je suis professeur stagiaire en lycée, autour de Toulouse. Je (re)découvre chaque jour à quel point le parcours d’un agrégé lui construit une certaine expertise littéraire, mais une connaissance ô combien fragile du métier d’enseignant. Élaborer une séquence, une séance, un cours même, est une mission bien plus exigeante il me semble qu’une dissertation, mais tellement satisfaisante… Alors voilà, pour l’instant, mon parcours, c’est cela, transmettre tant bien que mal un savoir et un savoir-faire à mes lycéens, et garder dans un coin de la tête l’hypothèse d’une thèse en lettres (mais chacun sait que la destinée d’un doctorant en lettres est de s’échiner à boucler sa thèse en quatre ou cinq ans à l’aide d’un ATER, et de retourner gaiement dans le secondaire après cette parenthèse littéraire, par manque de postes de maîtres de conférences, pour lesquels le budget s’épuise plus vite que les certitudes d’un agrégatif).
 

2023 est aussi une grande année de réussites aux concours de langues !

En parallèle à ce résultat remarquable en lettres modernes, d’autres départements de l’université ont fait part de belles statistiques de réussite aux concours de l’agrégation externe cette année. Du côté du bâtiment Erasme, le Département des Études du Monde Anglophone a signalé que sur douze étudiant·es qui ont présenté le concours, neuf ont été admissibles et sept reçu·es (pour cent soixante-dix postes à l’échelle nationale). Le Département des Langues Étrangères, le Département Études Hispaniques et Hispano-Américaines et la section Occitan du Département de Lettres modernes, Cinéma et Occitan font respectivement part de :

  • L’obtention de trois des douze postes ouverts à l’agrégation externe d’italien,
  • L’obtention d’un des deux postes ouverts à l’agrégation externe de portugais,
  • L’obtention du seul poste d’agrégation externe ouvert en japonais cette année,
  • L'obtention de trois postes à l'agrégation externe d'espagnol sur les douze inscrit·es et cinq admissibles
  • L'obtention du seul poste ouvert à l'agrégation externe d'occitan.


Les formations aux concours avec l’Inspé ont parallèlement donné de bons résultats avec, toujours en guise d’exemple et de nouveau, des majors aux concours d’agrégation interne ou capes interne/externe cette année en italien, en russe et en portugais… ou encore quatre admissibles et deux admis à l'agrégation interne d'espagnol et vingt-deux admis au CAPES sur quarante-deux inscrits.

Dans le paysage des préparations à ces concours, il faut donc croire que l’UT2J offre de bien belles perspectives !