Dispositif langues accueil migrants : retour sur 5 ans d'existence, 5 ans d'évolution

Publié le 30 mai 2022 Mis à jour le 16 juin 2022

La dernière promotion du Dilami vient d'être diplômée : un an de travail mis en scène lors de la restitution annuelle du dispositif. L'occasion de revenir sur ce dispositif inter-établissement, ses évolutions, ses réussites, ses étudiants et leurs parcours, après cinq ans d'existence.

DILAMI 2022
Le vendredi 22 avril, les dernières promotions d'étudiant·e·s du Dilami (Dispositif langues accueil migrants) sont montées sur la Scène de La Fabrique pour la traditionnelle restitution de leurs travaux. 
Lecture de poèmes, pensées philosophiques, marionnettes, chant, musique, c’est sous différentes formes que les étudiant·e·s des trois promotions 2021-2022 ont partagé leurs histoires, leurs découvertes, leurs RÊVES...

Parmi eux, Ani, 20 ans. Après un an d'études supérieures en relations internationales, elle fuit son pays d'origine, la Géorgie pour la France. Ne parlant pas un mot de français et sans ressources, elle connait la rue avant de découvrir le Dilami par l'intermédiaire d'une assistante sociale. Son projet pour la suite : devenir hôtesse de l'air ou intégrer une formation dans le social. Elle a, d'après ses mots, "plus qu'appris une langue, rencontré de véritables amis" avec le Dilami.

Mais aussi :
Mohamed, 24 ans, somalien, il a été contraint de choisir entre la fuite ou l'embrigadement dans une organisation terroriste. Après la traversée de la Méditerranée et un long parcours à travers le Sud de l'Europe, il arrive à Montauban. Il passe un an dans la rue avant d'intégrer une "maison d'asile" et devient bénévole dans l'association Help and hope. Recherche sur internet et bouche à oreille lui permettent de découvrir ce dispositif. Il y découvre, le français et ses auteurs : Baudelaire, Victor Hugo... Une véritable révélation qui lui permet d'exprimer ses sentiments, de partager son histoire ! Il projette de poursuivre des études en droit et s'y prépare d'ores et déjà en suivant des cours en tant qu'auditeur libre.

Et :
Fariba
, jeunne femme de 26 ans, originaire d'Afghanistan, ayant vécu depuis toujours en Iran, elle quitte sa famille pour rejoindre la France afin "d'étudier librement". Diplômée en programmation informatique, elle passe une année à Paris puis s'installe à une heure en train de Toulouse dans un centre pour réfugiés. Elle commence à apprendre le français avec l'aide d'une association pour ensuite suivre une formation via le Greta. C'est avec l'aide d'un ami qu'elle découvre le Dilami sur internet, elle intègre le dispositif en septembre dernier tout en travaillant dans une pizzéria. Elle est aujourd'hui acceptée dans deux écoles de commerce pour une formation en alternance.

Toutes et tous s’accordent à dire que le Dilami leur a permis de devenir plus autonomes, de découvrir la vie culturelle du pays, de créer de forts liens d'amitié et de solidarité avec les autres étudiant·e·s et enseignant·e·s, et surtout permis de se projeter dans un avenir professionnel.

 

Dilami : cinq ans d'existence pour le dispositif langues accueil migrants

Créé en 2017, le Dilami accompagne les demandeurs d’asile, bénéficiaires de la protection subsidiaire et réfugiés déjà présents en Occitanie, vers l'insertion sociale, universitaire et professionnelle via l'apprentissage du français. Co-financé à hauteur de 60% par la Région Occitanie, Pyrénées - Méditerranée, il permet aux étudiant·e·s une reprise de leur projet d'études et une meilleure intégration dans la société française.
 
De la formation vers le diplôme universitaire
 
Ce dispositif, piloté et coordonné par l’Université fédérale, était à l'origine non-diplômant. Il a, depuis deux ans, évolué en diplômes, des diplômes universitaires de FLE, dit "passerelles",  de trois niveaux - du A2 au B2 - un niveau pour une année de formation. Le niveau B2 est souvent nécessaire pour accéder à d'autres formations diplômantes et/ou professionnelles dans des domaines variés.
Une autre nouveauté permise par la transformation en diplôme : les inscrit·e·s au dispositif sont dorénavant des étudiant·e·s et accèdent ainsi aux droits associés à ce statut.

Trois universités, trois niveaux
 
Cette évolution s'inscrit dans une dynamique nationale, fédérée par le réseau MEnS (Migrants dans l'Enseignement Supérieur). Ce soutien a permis, entre autres, au Dilami de s'ancrer dans le temps notamment au niveau pédagogique. L'Université Toulouse III - Paul Sabatier, l'Université Toulouse Capitole et, bien sûr, l'Université Toulouse - Jean Jaurès en assurent, depuis sa mise en place, la conception et la mise en œuvre sous l'impulsion de l'Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées. Les niveaux d'apprentissage du français sont donc répartis entre ces trois universités : UT1 Capitole pour le niveau A2, UT3 pour le B1 et UT2J pour le B2, dernier et plus haut niveau certifié par le diplôme correspondant.
 
La découverte culturelle comme base de l'apprentissage de la langue
 
Mais l'originalité du dispositif ne repose pas seulement dans son organisation inter-universitaire. En effet, persuadées qu'apprendre une langue doit être incarné, l'équipe enseignante du dispositif (pour l'UT2J, des enseignant·e·s en français langue étrangère via son département dédié, le DEFLE) travaille depuis près de cinq ans avec de nombreux acteurs culturels de la Ville : artistes et structures telles que La Grainerie, La Cave'Po, la Cie Grand Raymond, l'ABC cie... Objectif : déplacer l'apprenant de la salle de classe vers la ville, vers la culture, vers un quotidien socialisé. Un travail qui trouve son point culminant, chaque année, lors de la traditionnelle restitution des étudiant·e·s du Dilami.