Apprentis ethnologues !

Publié le 30 juin 2021 Mis à jour le 5 juillet 2021

Retour sur un projet d’initiation à la pratique ethnologique en milieu scolaire mené par l’association AtoupAs

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AtoupAs, Association toulousaine de promotion de l'Anthropologie sociale, a été créée en 2017 par de jeunes chercheurs, dont 3 sont actuellement doctorantes au laboratoire LISST-CAS : Alice Constans, Caroline Laurent et Sofia Péquignot. Défendant l’idée que la meilleure compréhension de cette discipline se fait en la pratiquant, l’association via ses membres propose des ateliers d’initiation à la pratique ethnologique en milieu scolaire, destinés à des élèves de primaire, à des collégiens et à des lycéens.

En adoptant le regard et la méthode de l’ethnologue, les élèves sont amenés  à questionner leur environnement quotidien à partir de thématiques préétablies et d’une enquête menée aux alentours de leur établissement. Ce travail les conduit ainsi à explorer et interroger les interactions multiples qui s’y jouent. Les ateliers sont composés de six séances hebdomadaires de deux heures qui correspondent chacune à une étape de la recherche en ethnologie, et se concluent par une journée de restitution des travaux des élèves à l’Université Toulouse – Jean Jaurès.

Ce projet a été lancé une première fois en 2020, mais après la réalisation de 3 séances, la situation sanitaire a rendu impossible la tenue des autres séances. Il a repris début mai dans une classe de CM2 de l’école Lamartine de Lavelanet (en Ariège) et dans une classe de CE2/CM1/CM2 de l’école Calas Dupont à Toulouse. Menés par Sofia Péquignot, les différentes séances ont amené les élèves à se questionner sur les relations humains/animaux dans la ville.

Les 2 premières séances permettent de poser le sujet avec la construction collective des définitions, de s’initier via des exercices d’observation et de description et d’apprendre à utiliser les outils de l’ethnologue (questionnaire, dictaphone, appareil photo). La 3ème séance est une immersion sur le terrain. Les élèves ont alors mené des observations et des interviews pour recueillir des données. Les 3 dernières séances sont consacrées au tri, au regroupement et à l’analyse des données de terrain et permettent l’émergence de nouvelles thématiques et de questionnements sur le sujet étudié. Les élèves et l’ethnologue rédigent également leurs textes de conclusion, réalisent les panneaux bilan et se préparent à la présentation orale.

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Un peu impressionnées et stressées, les 2 classes participantes ont pris place le 28 juin dernier dans l’amphithéâtre de la Maison de la recherche pour la restitution finale, devant les membres de l’association AtoupAs et des représentants des différents partenaires du projet : la DRAC Occitanie, la Commission Diffusion des Savoirs de l’UT2J et le laboratoire LISST-CAS.

Après les conclusions et les retours d’expériences des élèves, les enseignantes et Sofia Péquignot, qui a mené le projet cette année, sont revenues sur les apports de cette expérience.
Avec le décentrement qu’il induit, le projet amène les élèves à développer leur esprit critique en posant un autre regard sur le monde qui les entoure. L’observation d’éléments du quotidien leur a ouvert les portes de questionnements beaucoup plus larges et les a amené à se saisir de notions comme celles du contrôle, de l’exploitation, de l’humanisation des animaux en fonction de leur proximité avec l’humain mais aussi de frontières entre les animaux dits sauvages et domestiques, entre humains animaux, ou de « race ». Véritables acteurs du projet, en permanence guidés par l’ethnologue, ils ont expérimenté le processus de recherche dans son ensemble et ont pu être parfois déstabilisés de ne pas toujours trouver de réponse à leur question, ce qui est inhérent à un processus de recherche.
Au fil des séances, ils ont réussi à se montrer de plus en plus observateurs et à prendre de la distance sur leurs opinions et jugements de valeur.

Très belle réussite, le projet sera reconduit l’année prochaine auprès de nouvelles classes.

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