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COV-JEUNENFANT : une enquête sur le vécu des familles durant le confinement lié à la pandémie de la COVID-19

Publié le 25 septembre 2020 Mis à jour le 25 septembre 2020

Les premiers résultats viennent d’être publiés

Une étude portée par les membres du Groupement d’Intérêt Scientifique BECO-UFTMiP "Bébé, petite Enfance en COntextes", des laboratoires LISST, CERTOP, LERASS, EQUITY, CRESCO, LASSP, en partenariat avec le Centre Norbert Elias, le Laboratoire des Idées, le Labex SMS, l’Hôpital des enfants-CHU Toulouse, l’Association Occitadys, la CNAF et le Conseil Départemental de la Haute-Garonne.

Spécialistes du développement des jeunes enfants, ce groupe de chercheurs en sciences humaines et sociales (psychologie, sociologie, sciences de l’information et de la communication, anthropologie), en santé publique et médecine, a lancé une étude interdisciplinaire d’envergure dans le contexte exceptionnel de la pandémie liée à la COVID-19 et auquel enfants et familles ont été confrontés.

Conscients des difficultés et souffrances engendrées par cette période, les chercheurs ont décidé d’étudier en particulier pour les familles ayant des enfants de moins de 6 ans. La petite enfance étant une étape essentielle dans la construction des conditions de vie futures des individus.
In fine, cette étude permettra de mieux comprendre ce que pères, mères et leurs jeunes enfants vivent durant le confinement en France, ce qu’ils expérimentent comme moments favorables ou moins favorables, d’appréhender le type d’activités réalisées ainsi que le ressenti émotionnel associé à chacun.

 Le questionnaire a été diffusé via le site internet dédié et sur les différents réseaux des partenaires de l’étude. Le recueil des données a été réalisé entre le 28 avril 2020 et le 29 mai 2020.

Synthèse des premiers résultats
Près de 500 personnes, de 36 ans en moyenne, toutes parents d’au moins un enfant de moins de six ans, ont pris le temps de répondre, pendant la période de confinement, au questionnaire. La grande majorité vivent en couple et en maison individuelle, possédant quasiment toutes un accès extérieur. Par contre, beaucoup ont manqué d’une pièce dans laquelle s’isoler ou être au calme.

La période ne semble pas avoir modifié les relations entre les membres de la famille puisque pour environ 1/3 des répondants, les relations entre conjoints et parents-enfants ne se sont pas modifiées pendant le confinement. Elles se sont renforcées entre les conjoints pour 12,6% d’entre eux, et, pour 14,2%, elles se sont tendues. Quant aux relations parents-enfants, environ 30% se sont renforcées et se sont tendues dans 10% des cas.

L’expression libre des enfants et des parents sur leur vécu respectif durant le confinement indique des préoccupations différentes. Si ce décalage est fort compréhensible entre enfants et parents, il apparaît que les discours des enfants sont avant tout centrés sur le plaisir d’être en famille, à la maison, et à la frustration de ne pas pouvoir aller à l’école, alors que les parents, quant à eux, évoquent avant tout la difficile gestion quotidienne de cette période de crise à la maison : gestion des écrans, école à la maison, télétravail, sentiments d’angoisse liés à la Covid-19, peu de temps pour soi, etc.

Ainsi, la première analyse de contenu réalisée indique, pour les enfants, des propos centrés sur les liens familiaux et sociaux, les sentiments éprouvés ainsi que le danger que représente le virus. Du côté des parents, les différents aspects évoqués témoignent d’une forme de pédagogisation des activités éducatives parentales destinées aux enfants et de « management domestique et parental du quotidien » dont il reste à analyser les modalités de réalisation selon le genre, la position sociale, la typologie familiale et les contraintes associées. Ces parents rappellent aussi la « qualité du temps » et les « moments privilégiés », ce qui laisse entrevoir une réorganisation des cadres temporels au quotidien. Ce faisant, les parents indiquent bien le « bricolage » organisationnel qu’ils et elles ont mis en œuvre durant le confinement, et quasiment la moitié des répondants ont indiqué avoir manqué de temps libre.

Le collectif de chercheurs va maintenant s’employer à interpréter les données, à les confronter à la littérature scientifique existante et qu’aux résultats émanent de différentes enquêtes nationales et internationales.
Rendez-vous en 2021 pour connaitre la suite !