• Zoom,

[Exposition] Micro-agressions linguistiques : Ces remarques qui jugent nos façons de parler

Publié le 6 octobre 2022 Mis à jour le 6 octobre 2022

Un projet à la croisée des mondes : recherche, formation et arts, entre vie du campus et acte citoyen, co-portés par Elatiana Razafi et Nathalie Spanghero-Gaillard (LERASS) et le CIAM.

expo

Elatiana Razafi, maîtresse de conférences en sociolinguistique au LERASS et conceptrice du projet, travaille depuis plusieurs années sur ce concept linguistique que l’on connaît tous très bien : ces petites remarques insidieuses sur la manière dont on s’exprime, sur nos façons de parler, sur nos langues.

Ces micro-agressions linguistiques relèvent toutes du large spectre de la discrimination, allant du racisme au sexisme, en passant par les préjugés et autres idées reçues. 



Quand la science prend au sérieux ces réflexions anodines…



Tous victimes de ces micro-agressions, on ne se rend le plus souvent pas compte ni de leur présence ni de leur impact : la recherche d’Elatiana Razafi sonne autant comme une alerte que comme une prise de conscience collective de la richesse que constitue cette diversité des profils linguistiques. 
 
« L'idéal du locuteur natif n’est qu’un mythe : le locuteur idéal d’une langue idéale dans un monde idéal. Mais c’est surtout le mythe d’un individu coupé de toutes les rencontres avec l’autre, et terriblement solitaire… »
 

Et si l’université devenait un terrain de recherches ?



L’articulation entre la recherche et l’enseignement est au cœur des préoccupations d’Elatiana Razafi. Cette intrication entre ses deux missions d’enseignante-chercheuse lui permet de sensibiliser ses étudiants à la question de ces micro-agressions linguistiques et de la discrimination ordinaire qu’elle trahit. C’est ainsi que l’université devient un terrain de recherche.

Ces étudiants de 2e année de licence « Linguistique et FLE » et du diplôme d'université « Préparation à l'enseignement du FLE » (département SDL) ont exploré la question et ont produit une réflexion collective à partir des récits de leurs expériences personnelles. Le projet d’une exposition est né de cette volonté de transmettre les savoirs coconstruits en cours, et de poursuivre cette action de sensibilisation à une plus large échelle. 
 
« Depuis janvier, cette réflexion est une aventure collective où chacun prend conscience de l’impact de ces micro-agressions sur la manière dont il ou elle se perçoit : son image sociale. On interroge, par le biais de la formation, cette notion complexe de l’identité, individuelle et collective. On prend conscience des effets néfastes et parfois dévastateurs de ces discriminations sociales basées sur le langage. »
 
 

Une exposition : le projet de la mixité ! 



Si la mixité est le maître mot de ce projet, c’est autant par le contenu scientifique, qui montre que la richesse d’une langue passe aussi et nécessairement par la diversité de ses locuteurs, que par la forme de l’exposition. Entre photographie et graff, l’exposition mélange les styles pour déjouer les codes établis de la communication. Le fort engagement des étudiants et d’Elatiana Razafi contre toutes formes de discrimination doit se lire et se voir ! Mobiliser le sensoriel…
 
« A force de recevoir ces remarques, on constate une homogénéisation des façons de parler. En idéalisant la variété standard de la langue française, on se standardise par exemple en gommant un accent ou en tombant dans le mutisme… L’idée de ce travail à la croisée de la recherche, de la formation et des arts est de partir du vécu de chaque locuteur vers l’image. Car mettre des mots et des images, c’est prendre conscience des choses. »
 
 

Un projet mené sous l'expertise d'Elatiana Razafi, de Nathalie Spanghero-Gaillard (LERASS) et du CIAM, avec le soutien des artistes David Siodos (photographe) et Cédric Lascours alias Reso (graffeur).

Pour vivre toute l'expérience pluriartistique & plurisensorielle de cette exposition, retrouvez la création musicale et originale "Headroom" de Gabin Pel & Matéo Amigues en scannant le QRcode ci-contre.