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Faisant l’actualité en septembre, l’Amazonie intéresse également les chercheurs de l’UT2J

Publié le 30 septembre 2019 Mis à jour le 30 septembre 2019

La preuve avec Romain Mejean, doctorant au laboratoire GEODE, dont le travail de modélisation pourrait prédire l’évolution de la déforestation en Amazonie équatorienne… et ailleurs !

© Luoman
Débutant sa troisième année, Romain Mejean a choisi de placer sa thèse au croisement entre géographie et informatique. Effectuée au laboratoire GEODE, elle est aussi réalisée en collaboration avec le laboratoire IRIT, pour l’aspect informatique. Romain s’intéresse à la modélisation des dynamiques environnementales et sociales en Amazonie équatorienne.

Etudier le passé pour prévoir le futur
Plus précisément, à l’aide de méthodes de modélisation spatiale, son travail de thèse consiste à observer les dynamiques sociales et environnementales passées et présentes ayant entraîné la transformation du territoire de l'Amazonie équatorienne et à étudier leurs possibles évolutions et conséquences sur une trentaine d’années. A partir de quoi, il peut élaborer des scénarios prospectifs afin d'esquisser des futurs plausibles pour ce territoire.

L’humain au cœur de la méthodologie de modélisation
La particularité de son travail est de confronter, au niveau méthodologique, deux approches de modélisation différentes. D’une part, une approche basée sur l’analyse des changements d’occupation et d’usage des sols, observés à partir d’images satellites. Et d’autre part, une approche de modélisation dite « à base d’agents », qui vise à reproduire et anticiper les évolutions du territoire à partir des rationalités individuelles.
A l’échelle globale induite par les images satellites, on vient donc confronter une focale beaucoup plus individuelle en prenant en compte le processus de prise de décision des populations, modélisées en « agents » informatiques. Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte, comme la taille des familles / de la ferme, la distance à la route / à la ville la plus proche…
Cette méthodologie pourrait être appliquée à d’autres territoires et pourrait aider les pouvoirs publics dans leurs décisions en matière d’aménagement du territoire.

En Amazonie équatorienne, une déforestation liée au pétrole
Romain Mejean applique cette méthodologie de modélisation sur un territoire précis d’Amazonie équatorienne, situé au Nord-Est du pays.
Des gisements pétroliers sont découverts dans cette partie de l’Equateur à la fin des années 60. Leur exploitation au fil du temps affecte aussi bien l’environnement que les populations : la pollution pétrolière y est considérable. En Amazonie équatorienne, la déforestation est liée à l’arrivée massive d’équatoriens originaires des Andes ou de la région côtière, venus s'installer après l'ouverture de routes par l'industrie pétrolière et incités par l'Etat à coloniser cet espace.
L’Amazonie équatorienne, haut lieu de biodiversité, porte les stigmates de cette colonisation agraire, qui contribue encore aujourd’hui au processus de déforestation.
Entre 2014 et 2017, le projet de recherche ANR MONOIL s’intéresse à cette problématique, en cherchant à améliorer les connaissances transdisciplinaires sur les impacts sociaux, sanitaires et environnementaux des activités pétrolières en Équateur. Les laboratoires LEREPS et GEODE faisaient notamment partie du comité scientifique. Les données issues de ce travail alimentent la thèse de Romain Mejean, qui les intègre à son modèle.

Ses travaux lui ont déjà permis d’obtenir des premiers résultats méthodologiques et techniques, une amélioration de l’anticipation des changements grâce à la prise en compte de données démographiques notamment, dans le but d’améliorer la modélisation des changements d’occupation du sol.
A terme, il souhaiterait utiliser ces modèles pour observer l’influence que peuvent avoir les variations du cours du pétrole, du café, du cacao ou encore du niveau d’éducation sur la déforestation elle-même.


Pour en découvrir encore davantage sur le sujet de thèse de Romain Mejean, retrouvez-le jeudi 10 octobre au Centre de Ressources Olympe de Gouges pour l'opération "Thèse qui peut !"