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Institut universitaire de France : deux lauréats UT2J !

Publié le 30 septembre 2020 Mis à jour le 30 septembre 2020

Marie Bourjade (laboratoire CLLE) et Thibaud Lanfranchi (laboratoire PLH-ERASME) viennent d’être nommés membres Juniors de l’Institut Universitaire de France.

L’IUF : un réseau d'excellence universitaire en France et à l'étranger

L'Institut a pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l'interdisciplinarité, en poursuivant trois objectifs :
• encourager les établissements et les enseignants-chercheurs à l'excellence en matière de recherche, avec les conséquences positives que l'on peut en attendre sur l'enseignement, la formation des jeunes chercheurs et plus généralement la diffusion des savoirs ;
• contribuer à la féminisation du secteur de la recherche ;
• contribuer à une répartition équilibrée de la recherche universitaire dans le pays, et donc à une politique de maillage scientifique du territoire.

Chaque année, l’institut organise une campagne de candidatures pour recruter de nouveaux membres. Dans cette compétition au plus haut niveau, au terme d’un processus de sélection particulièrement rigoureux par un jury international multidisciplinaire, les nouveaux membres, seniors et juniors élus, sont reconnus pour la qualité scientifique de leur activité. C’est aussi une chance pour les établissements de rattachement de développer de façon plus compétitive encore leur recherche universitaire.


Marie Bourjade, un parcours atypique et pluridisciplinaire pour des recherches de pointe
Nouvellement nommée membre junior de l’IUF, Marie Bourjade est maitresse de conférences au laboratoire CLLE depuis 2015.
Curieuse de tout, elle s’est constituée au fil des années un solide parcours pluridisciplinaire. D’abord intéressée par la biologie, elle soutient sa thèse en 2007 sur la sociogenèse chez le cheval. Ses questionnements l’amènent ensuite à poursuivre ses recherches en psychologie, car la biologie seule ne permettait pas de répondre à toutes les questions qu’elle se posait. Ce double parcours fait toute l’originalité de ses recherches qui mêlent des questions, des méthodologies et des réponses empruntées à plusieurs disciplines : la biologie, la linguistique, les sciences cognitives…

Au cœur de la psychologie développementale et comparée, Marie Bourjade s’intéresse plus particulièrement aux origines et à l’évolution des aspects multimodaux du langage (mains, yeux, corps…), ceux qui viennent compléter la parole. Pour élargir les connaissances sur le sujet, elle s’appuie sur une approche développementale originale basée sur l’observation comparative afin de déterminer les facteurs promouvant l’usage des modalités auditives-vocales et/ou visuelles-gestuelles dans l’émergence des systèmes de communication. La singularité de ce travail de recherche est de mettre en parallèle des éléments de développement de différentes populations humaines et non-humaines : des enfants de différentes cultures, des babouins et des chimpanzés.

Il y a 3 ans, Marie Bourjade avait déjà déposé sa candidature à l’IUF. Son projet n’avait pas été retenu, mais cela lui avait donné l’occasion de coucher sur papier toutes les idées et les pistes de recherche qu’elle avait en tête. Cette étape lui a permis de structurer son projet, d’obtenir des premiers financements et surtout, de constituer un collectif de recherche international sur lequel elle peut s’appuyer pour la collecte de données. Si elle se rend parfois sur place au Kenya pour les babouins, elle peut aussi compter sur le partage de vidéos de collègues en Ouganda pour les chimpanzés, en Ethiopie ou au Mozambique pour les nourrissons humains. En effet, l’humain a ceci de particulier que les variations culturelles peuvent largement outrepasser les adaptations biologiques et doivent ainsi être considérées dans l’étude.

Sur les 5 prochaines années – soit la durée de sa nomination IUF, Marie Bourjade compte bien poursuivre la collecte des données, afin d’étayer toujours davantage ses recherches. Ce sera aussi l’occasion de publier des articles scientifiques. Enfin, sur les dernières années, elle a à cœur de déployer le projet à une échelle plus large, en rajoutant des populations étudiées par exemple.

Dans une carrière déjà si riche, la nomination IUF vient lui offrir cet élément si précieux qu’est le temps. Du temps et de la disponibilité pour produire des recherches de qualité, avec l’envie, in fine, de transmettre à différents champs disciplinaires, pour une science toujours plus décloisonnée.


Thibaud Lanfranchi : une archéologie des institutions romaines
Maître de conférences au laboratoire PLH-ERASME depuis 2014, Thibaud Lanfranchi ajoute une nomination en tant que membre junior IUF à un parcours déjà riche.
Ne concevant son travail que de manière collective, il assume également à l’UT2J la direction de l’équipe PLH-ERASME ainsi que la direction adjointe du département d’histoire.

Passionné d’histoire romaine, ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon, ancien membre de l’École française de Rome, Thibaud Lanfranchi a soutenu en 2012 une thèse consacrée aux tribuns de la plèbe au début de la République romaine. Ses recherches se concentrent sur l’histoire institutionnelle et politique de la République romaine, avec pour focale la naissance du tribunat, du Ve au IIIe siècles avant J.-C., une période peu étudiée en France.

Son projet est dorénavant d’élargir l’analyse du fonctionnement concret et quotidien des institutions républicaines romaines en s’intéressant à l’ordinaire et à l’extraordinaire des institutions romaines. L’ordinaire relève de pratiques quotidiennes du pouvoir tandis que l’extraordinaire concerne les moyens par lesquels la cité romaine réagit en cas de danger (par exemple le iustitium, le tumultus et la dictature en temps de crise). L’analyse croisée de ces pratiques sera conduite sur l’ensemble de la période républicaine mais avec là aussi une prédilection pour les périodes plus anciennes, de formation de ces institutions, pour en comprendre l’origine. Un projet de recherche original, tant dans la période étudiée que dans les institutions à analyser.

Thibaud Lanfranchi souhaite donner à ses 5 années IUF une couleur collective. S’il compte en profiter pour écrire une monographie personnelle, il a aussi à cœur de bâtir, avec des collègues français, italiens et anglais, un séminaire récurrent, sorte de fil rouge, permettant rencontres et échanges. L’organisation de colloques, la publication d’ouvrages collectifs et la mise en place d’un carnet de recherche Hypothèses sont des éléments forts qui ponctueront le mandat. Une dynamique de groupe qu’il souhaite voir perdurer au-delà de ces cinq années.

Comme le « bol d’air cognitif » promis par l’IUF dans sa dernière communication, Thibaud Lanfranchi aura enfin du temps pour se concentrer sur ses recherches, pour mener à bien de nouveaux projets. Une respiration qui lui permettra aussi de se déplacer en Italie et de lire, lire largement. Des conditions idéales pour produire une recherche toujours plus qualitative.


Nous leur souhaitons le meilleur dans la poursuite de leurs projets !