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Quand journalisme et recherche prennent le temps de se rencontrer

Publié le 22 janvier 2020 Mis à jour le 30 janvier 2020

Retour sur la collaboration entre Michèle Guidetti, professeur au laboratoire CLLE, et Clarisse Rebotier, photojournaliste

Curieuse et habituée à confronter sa recherche à des formats de médiation variés, c’est sans hésitation que Michèle Guidetti a candidaté à la 12e édition de la bourse d'échange entre chercheurs et journalistes, organisée par l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information – AJSPI.

Le principe de cet échange est simple, faire se rencontrer deux mondes qui se côtoient habituellement de manière sommaire, en permettant dans un premier temps, à des chercheurs de mieux connaître le travail de journaliste scientifique, ses enjeux et impératifs, en participant à la vie d’une rédaction pendant une semaine. Réciproquement, des journalistes sont ensuite invités à accompagner des chercheurs dans leur quotidien, au laboratoire ou sur le terrain, pendant cinq jours, afin d’en percevoir toutes les réalités.

En juin dernier, Michèle Guidetti, professeur en psychologie du développement au laboratoire CLLE, a donc passé une semaine en immersion totale au cœur de la rédaction du magazine « le Quotidien du médecin ». Afin de mieux comprendre le travail des journalistes, elle s’est pliée à l’exercice de rédaction d’articles, de la recherche d’informations au bouclage et mise en ligne. En conditions réelles, dans la peau d’une journaliste, elle a dû écrire sur des sujets pouvant être éloignés de ses thématiques de recherche et préoccupations, comme la maladie d’Alzheimer ou encore la corrélation entre maladie cardiaque et niveau scolaire. Elle a ainsi pu voir comment l’information est mise en forme et l’importance que l’on accorde notamment au verbatim.
En plus du travail concret, Michèle Guidetti a pu échanger avec des journalistes de la rédaction, ce qui lui a permis de mieux comprendre leurs impératifs, de se rendre compte de leurs conditions d’exercice, dirigées par la folle cadence de l’actualité et d’observer une notion de temps et de délai complètement différente de celle de la recherche.

Un peu plus tard dans l’année, à la fin du mois de novembre, Michèle Guidetti a reçu Clarisse Rebotier, photojournaliste, pour la seconde étape de l’échange. Photographe reconnue, Clarisse fait partie des 250 membres que compte l’AJSPI. Exposant en France comme à l’international, elle a reçu de nombreux prix pour son travail, qui a l’art d’intégrer de l’insolite dans des cadres familiers. Artiste éclectique, elle a notamment eu recours à la taxidermie, apprise pendant plusieurs années, au cours de différentes résidences de création artistique au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, pour mettre en place sa série 2054, présentée notamment au Grand Palais lors de l’édition 2019 de PARIS PHOTO. Aux côtés de Michèle Guidetti, elle a pu découvrir le travail quotidien des chercheurs du laboratoire CLLE, les suivant également sur le terrain. Attirée par les thématiques de recherche de l’équipe, elle a pu promener son œil à la recherche de « visuel » à immortaliser, tout en en apprenant davantage sur la façon de concevoir et de mener des recherches en sciences humaines et sociales.

Plus concrètement, au plus près des recherches actuellement menées dans le champ de la psychologie du développement, elle a suivi Mawa Dafreville, doctorante, lors d’un recueil de données relatives à la communication non-verbale du bébé, sur le terrain, auprès d’une famille, puis avec Valérie Tartas, professeur, elle a découvert différents dispositifs adaptés aux déficients visuels, dont un en photo ici réalisé par le laboratoire IRIT. Au cœur du plateau BabyLab (plateforme CCU), elle a promené son appareil, lors de séances de jeux avec de jeunes enfants autour des émotions menées par Nawelle Famelart, jeune docteure, et de la communication précoce par Michèle Guidetti. 

Ces trois expériences lui ont permis d’observer la recherche en train de se faire, de la traduire en photos. Concentrée sur les visages des sujets observés, elle a pu saisir les mimiques et réactions, autant de signes de communication non verbale qui font sens en psychologie.

Ouvert à une vingtaine de binômes, la vocation de ce projet proposé par l’AJSPI, est bien de favoriser les échanges entre deux mondes qui se côtoient sans vraiment se connaitre. Chercheurs et journalistes prennent ainsi le temps de mieux se comprendre, et c’est ainsi que de nouveaux projets de collaboration naissent.


Crédits photo :

© Clarisse Rebotier