[EXPO] Dans les fumées d’Abidjan

A Abidjan, en Côte d'Ivoire, la pollution de l’air rend malade et tue.

C’est ce qu’étudie le projet ANR APIMAMA (Air pollution Mitigation Actions for Megacities in Africa) à Abidjan et plus précisément dans une commune les plus peuplées de la métropole : Yopougon.

Les femmes sont les premières touchées par les fumées issues de leurs activités de cuisson au bois et au charbon de bois. APIMAMA étudie trois groupes de femmes très exposées à ces fumées : celles qui fabriquent le charbon, celles qui fument le poisson et celles qui cuisinent à la maison ou qui font la restauration de rue. En Côte d'Ivoire, le bois et le charbon de bois pour la cuisson d’aliments à des fins domestiques et professionnelles sont en effet les ressources énergétiques majoritaires. A Abidjan toutefois, le gaz s’installe durablement depuis plusieurs années dans certains quartiers, soutenu par le gouvernement qui souhaiterait le voir s’imposer partout pour des raisons économiques et de lutte contre la déforestation.
Le projet cherche alors à identifier et à comprendre les pratiques de cuisson sur bois et charbon de bois et à tester des outils qui permettraient aux populations de conserver leurs pratiques, tout en réduisant leur exposition à la pollution. 

Cette exposition photographique comporte 21 images. Elle part de l’ordinaire des vies quotidiennes de celles et ceux qui à la fois produisent et souffrent des fumées de combustion de bois et charbon de bois, un ordinaire que ces femmes ont laissé découvrir lors des travaux de terrain. 
L’intention ici est de mettre en lumière ces populations défavorisées, à travers leurs conditions de vie et de travail : la dureté des métiers qu’elles exercent pour vivre ou survivre, les obstacles quotidiens auxquels elles font face parce que leurs activités s’exercent dans l’informalité. Et pourtant, cette économie informelle est fondamentale pour une grande partie de la population du pays.  
L’intention est aussi de montrer l’approche interdisciplinaire du projet APIMAMA qui croise des études physico-chimiques, sociologiques et de santé publique. Les regards croisés des chercheuses et chercheurs de différentes disciplines (sur les émissions de polluants des capitales ouest-africaines, sur la réalité sociologique dans lesquelles elles s’inscrivent ; sur la complexité des contraintes de leur réduction) ont donné la matière à ces photographies. C’est le regard de l’artiste qui lui donne vie.

En somme cette exposition est le fruit d’un travail commun, d’un regard partagé et d’une intention collective : celle de contribuer à réduire les risques sanitaires de la pollution atmosphérique pour les populations des mégapoles d’Afrique de l'Ouest. 

Equipe de projet

P.I/ Cathy Liousse, physicochimiste de l’atmosphère, LAERO
Co-responsable : Sylvia Becerra, sociologue de l’environnement, GEODE
Marine Scandella, doctorante en sociologie
Marie Yapo, doctorante en physicochimie

Photographe : Sébastien Chastanet, Observatoire Midi-Pyrénées