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L’âge d’or du gothique toulousain au cœur d’une exceptionnelle exposition au musée Cluny

Publié le 24 novembre 2022 Mis à jour le 13 décembre 2022

Rencontre avec Virginie Czerniak, maitre de conférences en histoire de l’art au laboratoire TRACES et co-commissaire de l’exposition

Synthétisant des recherches récentes, l’exposition "Toulouse, 1300-1400 : l’éclat d’un gothique méridional" présentée au musée de Cluny – musée national du Moyen Âge du 18 octobre au 22 janvier 2023, dresse un état des lieux inédit de la création à Toulouse au XIVe siècle.

À cette période, Toulouse fait partie des plus grandes villes de France avec Paris, Lyon, Orléans, Rouen... La cité languedocienne connaît une forme d’apogée durant la première moitié du XIVe siècle. Rattachée au royaume de France depuis 1271, la ville a gardé sa personnalité, tout en se développant économiquement. Elle profite de l’installation à Avignon de papes français, souvent très liés à l’université de Toulouse ou aux couvents des ordres mendiants implantés dans la ville, en particulier les Franciscains ou Cordeliers et les Dominicains ou Jacobins.

L’exposition est organisée par le musée de Cluny – musée national du Moyen Âge et la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais. Elle bénéficie d’un prêt exceptionnel de 15 œuvres du musée des Augustins de Toulouse. L’exposition est enrichie par des prêts prestigieux d’autres institutions toulousaines, des musées de Pampelune, de la bibliothèque Vaticane, du musée du Louvre ou de grandes bibliothèques parisiennes.

Le commissariat est assuré par Béatrice de Chancel-Bardelot, conservatrice générale au musée de Cluny, et Charlotte Riou, conservatrice au musée des Augustins à Toulouse. Comme son collègue au laboratoire TRACES, Jean Catalo, Virginie Czerniak est co-commissaire.
 

Rencontre et échanges

 
Y-a-t-il un lien entre cette exposition et le colloque que vous avez organisé à Toulouse en 2017 ?
Virginie Czerniak : Tout commence en fait, sur une riche idée du Musée Cluny qui se rapproche du Musée des Augustins en 2017 avec l’idée d’une exposition qui ferait écho à leur exceptionnelle série de sculptures du « Maitre de Rieux », celles-là même qui ont chamboulé la statuaire du midi toulousain. Charlotte Riou, conservatrice au musée des Augustins, accepte et propose que cette exposition soit l’occasion de dresser un panorama artistique plus large en allant chercher des expertises en histoire, en histoire de l’art et en archéologie. En ce sens, nous sommes donc désignés, avec 2 autres collègues chercheurs, co-commissaires de l’exposition, garants scientifiques de son contenu.

La première étape de cette belle collaboration a été l’organisation d’un colloque pour mettre en valeur le travail des chercheurs sur l’art à Toulouse au XIVe siècle. Réalisé en novembre 2017, le colloque "Toulouse au XIVe siècle. Arts et archéologie. Une floraison d’exception au temps de la peste et de la guerre de Cent ans" a rencontré un vif succès.

Avec 160 participants par jour et les interventions de qualité de chercheurs locaux et étrangers, ce colloque, dédié à l’art et à l’archéologie à Toulouse au XIVe siècle, a vu ses conclusions publiées aux Presses Universitaires du Midi. Colloque et publication constituent alors les fondements de l’exposition.
 
Quel a été l’apport des chercheurs dans cette belle dynamique ?
Virginie Czerniak : S’ils ont contribué, via leur expertise, à l’exposition, les chercheurs sont également sollicités pour mener une série de conférences en parallèle de l’exposition, sur des éléments artistiques précis comme l’enluminure ou la sculpture et un concert-conférence.

Mais cela ne s’arrête pas là. Ils ont également œuvré à la constitution d’un catalogue d’exposition, tout bonnement exceptionnel. Objet pérenne, cet ouvrage, abondamment illustré et commenté, permet de dresser un état des lieux tout à fait inédit sur la création à Toulouse au XIVe siècle et de réévaluer enfin la place de cette belle cité comme l’un des grands foyers artistiques de la période. 9 chercheurs de l’UT2J, 4 du laboratoire FRAMESPA et 5 du laboratoire TRACES, font ainsi partager le fruit de leurs récentes recherches.
 
Que retirez-vous personnellement de cette expérience ?
Virginie Czerniak : Quelle chance inouïe de participer à cette dynamique et à cette splendide exposition ! Les 2 commissaires ont impulsé un réel travail collaboratif avec les co-commissaires, il s’agit vraiment d’une expérience unique dans une carrière. Je suis très heureuse de vivre cela.
Quand je visite l’exposition, je suis animée d’une joie enfantine ! Je réalise là un rêve de jeunesse, moi qui – jeune étudiante – visitait ce musée du Moyen Âge avec tant d’envie. Cela pourra donner, je l’espère, de l’espoir à mes étudiants.

J’ai d’ailleurs tenu à ce qu’ils ne soient pas en reste en faisant en sorte que cette expérience leur profite également. C’est pour cela que je donnerai le mercredi 7 décembre à 18h30 à l’Amphi 4 sur le campus de l’UT2J, une conférence sur la peinture murale à Toulouse au XIVe siècle et son rayonnement. Cette rencontre est organisée par la talentueuse association étudiante Contrast de l’UT2J.

Plus d’informations sur l’exposition.
Accès au dossier de presse.





Photos :
  • Image en Une :
Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, Calcaire polychromé, Ra 511, Toulouse, Musée des Augustins
© Mairie de Toulouse, Musée des Augustins / Daniel Martin
 
  • Illustration intérieure :
Les capitouls de 1367-1368, Parchemin, BB273/2, Archives municipales de Toulouse
© Mairie de Toulouse, Archives municipales