• Recherche,

Le plus ancien atelier de fabrication de parures en coquillages d’Europe de l’Ouest

Publié le 26 septembre 2025 Mis à jour le 26 septembre 2025

Le laboratoire TRACES, parmi les onze laboratoires sous tutelle CNRS ayant participé à cette étude et signataire de la publication dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

Le plus ancien atelier de fabrication de parures en coquillages a été mis au jour sur le site paléolithique de La Roche-à-Pierrot à Saint-Césaire en Charente-Maritime. Daté d’au moins 42 000 ans, et accompagné de pigments rouges et jaunes, cet assemblage unique en Europe de l’Ouest a pu être associé au Châtelperronien, une culture qui marque la transition entre les derniers néandertaliens et l’arrivée d’Homo sapiens en Europe. Cette étude, menée principalement par des scientifiques du CNRS, de l’Université de Bordeaux, du ministère de la Culture et de l’Université Toulouse - Jean Jaurès est publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Elle constitue une découverte majeure permettant de discuter de la mobilité des populations préhistoriques et des possibles contacts entre les différents groupes humains durant cette période charnière de la préhistoire.

Entre 55 000 et 42 000 ans, l’Europe connaît une profonde transformation : les derniers Néandertaliens sont progressivement remplacés par des groupes d’Homo sapiens arrivés lors de leur plus récente sortie d’Afrique. Le Châtelperronien, culture préhistorique attestée en France et dans le nord de l’Espagne au cours de cette période, occupe une place centrale dans les recherches. Reconnue comme l’une des premières industries du Paléolithique supérieur en Eurasie, l’identité de ses artisans, néandertaliens ou Homo sapiens, reste débattue.

Lors de nouvelles fouilles à La Roche-à-Pierrot menées par des scientifiques travaillant au laboratoire De la Préhistoire à l'actuel : culture, environnement et anthropologie (CNRS/Ministère de la culture/Université de Bordeaux), l’équipe de recherche a mis au jour des coquillages percés et de nombreux pigments qui ont pu être attribués au Châtelperronien. L’absence de traces d’usure sur certaines perforations et la présence de coquilles non percées indiquent qu’il s’agissait d’un véritable atelier de fabrication de parures.
Les analyses révèlent que ces coquillages proviennent du rivage atlantique situé à cette époque à environ 100 kilomètres de distance, tandis que les pigments sont issus d’une zone située à plus de 40 kilomètres de rayon. Ces longues distances témoignent de réseaux d’échanges ou d’une mobilité importante des groupes humains.
D’autres vestiges ont également été retrouvés sur le site : des outils typiquement Néandertaliens ainsi que des restes d’animaux chassés (bisons, chevaux), soulignant la diversité et la complexité des occupations humaines à cette époque.

Ces découvertes sont exceptionnelles : c’est la première fois que la combinaison d’une industrie du Paléolithique supérieur ancien et de perles en coquillage est documentée en Europe de l’Ouest. Les parures et pigments identifiés témoignent de l’explosion de l’expression symbolique à cette période, marquée par des pratiques d’ornementation, de différenciation sociale et d’affirmation identitaire, généralement associées à Homo sapiens. Ces découvertes apportent de nouveaux éclairages sur la variabilité culturelle de l’époque et suggèrent que les auteurs du Châtelperronien ont été influencés, voire ont appartenu à une première vague d’Homo sapiens arrivés dans la région il y a au moins 42 000 ans.

Occupé par différents groupes d’humains pendant près de 30 000 ans, Saint-Césaire reste un laboratoire unique pour comprendre la dynamique des peuplements préhistoriques et les interactions entre Néandertaliens et Homo sapiens. Depuis 1976, les fouilles sur ce site continuent de livrer de précieuses informations grâce à la révision des anciennes collections et aux nouvelles méthodes d’analyse et de fouilles mises en place depuis 2013.

Source : Communiqué de presse national CNRS - 23/09/2025
Retrouvez l'article original et le communiqué complet du CNRS.