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Prix de thèse de la MSHS-T 2024
Le conseil scientifique international de la MSHS-T récompense les travaux de recherche de Nour Ezzedine (docteure en sciences du langage, LNPL/ToNIC).
Cette année, parmi les onze candidatures reçues, la thèse de Nour Ezzedine est distinguée pour ses qualités intrinsèques ainsi que pour son caractère interdisciplinaire.
Sa thèse, soutenue en décembre 2023 et réalisée aux laboratoires LNPL et ToNIC, est intitulée : "Exploration de la relation entre le contrôle cognitif et le contrôle des langues dans l'aphasie bilingue".
Quelques questions pour mieux comprendre ses travaux
- Quels sont les objectifs de votre travail de thèse soutenu en décembre 2023 ?
Nour Ezzedine : La thèse visait à mieux comprendre la relation entre le contrôle cognitif et le contrôle des langues dans l’aphasie bilingue. Autrement dit, l’objectif était de comprendre comment les mécanismes cognitifs et exécutifs (contrôle cognitif), tels que l’inhibition, jouent un rôle dans la gestion de deux ou plusieurs langues (contrôle des langues) après une lésion cérébrale (aphasie).
Lorsqu’on est bilingue, la gestion de plusieurs langues implique des choix constants : parler dans une seule langue, passer d’une langue à l’autre ou alterner entre les deux (codeswitching). Ces processus reposent sur des mécanismes de contrôle comme l’inhibition.
Lorsque le système langagier est perturbé suite à une lésion cérébrale, comme dans l’aphasie, plusieurs signes suggèrent que ces mécanismes sous-jacents de contrôle cognitif seraient affectés. On remarque par exemple :
- Une récupération différenciée des langues, à des rythmes et niveaux de maitrise différents de celui avant l’aphasie
- Des difficultés à alterner entre les langues ou à traduire d’une langue à l’autre.
Face à une littérature insuffisante sur cette question, la thèse a eu pour objectif d’explorer cette relation entre les deux types de contrôle dans l’aphasie bilingue.
- Quelle en est l'originalité ?
Nour Ezzedine : C’est un sujet qui reste aujourd’hui peu exploré et s’inscrit dans le cadre des questions d’actualité qu’on se pose autour de l’aphasie et du bilinguisme. Je pense que les données de la thèse étayeront les connaissances existantes et aideront à proposer des perspectives cliniques concrètes.
Au-delà de la thèse, cette recherche soulève des enjeux cliniques majeurs, notamment pour la prise en soins des patients bilingues présentant une aphasie. Par exemple, s’il existe une relation étroite entre le contrôle cognitif et le contrôle des langues, cela pourrait ouvrir la voie à des techniques de rééducation innovantes, s’appuyant sur l’un de ces domaines pour renforcer l’autre.
Je m’intéresse particulièrement à cet enjeu clinique parce que je suis orthophoniste. C’est cette première voie qui m’a menée vers la recherche en Sciences du Langage. M’étant posée comme objectif d’améliorer les pratiques cliniques auprès des sujets bilingues, j’ai commencé une première collaboration avec Barbara Köpke, professeure en Sciences du Langage, dans le cadre de mon master, sur l’adaptation d’un test d’aphasie bilingue à l’arabe libanais. Notre collaboration avec Xavier de Boissezon, professeur en médecine physique et réadaptative, est arrivée plus tard, dans le cadre de cette thèse.
En plus de la collaboration orthophoniste-(neuropsycho)linguiste-médecin, la thèse croise différents domaines de recherche : le bilinguisme, les fonctions exécutives et les troubles du langage comme l’aphasie et illustre une interaction entre théorie et pratique clinique.
- Que représente ce prix pour vous ?
Nour Ezzedine : Ce prix est tout d’abord une récompense après toutes ces années de travail marqués par des défis, notamment en raison de la pandémie. Il valorise également l’approche interdisciplinaire très enrichissante, que je considère essentielle, même si elle n’est pas toujours simple à adopter. Mener une telle démarche implique non seulement de maitriser différentes disciplines, mais aussi de construire des ponts solides entre elles, pour faire émerger de nouvelles perspectives.
Recevoir ce prix est aussi un encouragement à continuer dans cette voie et à promouvoir la recherche interdisciplinaire, tant pour moi que pour d’autres (jeunes) chercheurs. Ayant réalisé ma thèse dans un laboratoire qui valorise cette approche, je suis motivée à explorer de nouvelles opportunités et à collaborer avec des chercheurs de diverses disciplines. C’est cette diversité qui, selon moi, enrichit et fait avancer la recherche.
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Le Prix de thèse 2024 sera décerné par la MSHS-T à Nour Ezzedine lors d'une cérémonie suivie d'une table ronde interdisciplinarité, le 11 février 2025, entre 9h30 et 12h30, à la Maison de la recherche de l'UT2J (Amphi F417).
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