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Témoignages sous influence

Publié le 6 février 2013 Mis à jour le 13 mai 2013

Portrait de Jacques Py, Professeur, enseignant-chercheur au sein de l'UMR 5263 CLLE - Cognition, Langues, Langages, Ergonomie. Extrait du portfolio d'équipe réalisé à destination des journalistes.

A l’âge de 13 ans, Jacques Py rêvait avant tout de devenir psychanalyste.

Mais sa rencontre, au cours de ses études supérieures, avec Jean-Léon Beauvois, un des grands noms de la psychologie sociale, l’amène sur d’autres chemins. Après une thèse soutenue à l’Université de Grenoble, il rejoint l’Université Paris 8, où il dirige le Laboratoire de Psychologie Sociale.

Il met ensuite le cap au sud vers Toulouse, où il enseigne la psychologie sociale et dirige l’équipe « Contexte social et régulation de la cognition » de la composante LTC du CLLE.

Ses travaux de recherche portent, d’une part, sur la connaissance que les individus possèdent des normes qui structurent les rapports sociaux, et d’autre part, sur la psychologie sociale et cognitive des témoignages oculaires. L’issue de nombreuses affaires criminelles repose, en effet, en grande partie sur les capacités mnésiques des témoins. Quand un témoin a assisté à un crime, son témoignage est primordial pour l’enquête, surtout en cas d’absence de preuves matérielles. Pourtant, une étude menée aux Etats-Unis a montré que 90 pour cent des erreurs judiciaires proviennent d’une erreur d’identification, c'est-à-dire d’un témoignage peu fiable.

Un terrain d’investigation fertile pour les recherches de Jacques Py qui construit notamment des outils destinés aux professionnels de la justice (officiers de police judiciaire, juges, psychologues et psychiatres).

Concrètement, il a beaucoup contribué à la construction d'une méthode d'entretien non directif qui permet de placer un témoin ou une victime dans des conditions optimales de restitution de son témoignage. Pour permettre au témoin de livrer un récit très complet, sans pour autant l'influencer, on lui demande de raconter plusieurs fois ce qu'il a vécu, chaque récit étant associée à une consigne particulière. Par exemple, on l'invitera à effectuer un premier récit après s'être replacé mentalement dans le contexte de la scène. Le second récit pourra être effectué en partant de la fin de la scène et en remontant, par petites séquences, jusqu'au début. Dans un troisième récit, on demandera au témoin d'effectuer des "arrêts sur image". Ces entretiens sont très utiles pour l'enquête judiciaire, mais ils trouvent également des applications dans le champ des accidents du travail ou encore du soutien psychologique aux personnes qui ont vécu un événement dramatique.
D’autres méthodes visent à réduire les biais induits par la suggestibilité des pratiques d’audition ou d’identification, et sont destinées à améliorer la fiabilité de la description d’un criminel par un témoin lors de la constitution de portraits robots ou encore de l’identification d’un suspect.

Non content de mener ses recherches, Jacques Py s’investit également très fortement dans l’animation de la vie scientifique, par exemple au sein de la Société Française de Psychologie qu'il a présidée. Il participe activement à l’organisation du 28e Congrès international de psychologie appliquée qui se tiendra à Paris en juillet 2014. Il est aussi rédacteur en chef d'une revue scientifique de psychologie appliquée: European Review of Applied Psychology.

Crédit photo Emilie Escale

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