Rencontre avec Alexandre Beznosiuk

Publié le 2 juin 2021 Mis à jour le 2 juin 2021

Le nouveau directeur de l’Ensav (École nationale supérieure d’audiovisuel de Toulouse), homme de terrain tout autant que de dossiers, évoque avec nous son parcours. Un parcours qui éclaire son projet de développement pour l’école et la relation qu’il entretient avec les étudiant·e·s.

Alexandre Beznosiuk directeur Ensav
C’est d’abord un homme de terrain passionné, amoureux de son et de technique. C’est aussi un homme de dossiers. Riche de près de 40 ans d’expérience, Alexandre Beznosiuk, désormais nouveau directeur de l’Ensav, porte un regard documenté, pointu et personnel sur le milieu de la création audiovisuelle.


Et pour cause, « vieux professionnel » de l’audiovisuel, comme il se décrit lui-même, passionné par le spectacle vivant, il embrasse très tôt le métier de technicien spécialiste du son. Un métier qu’il exercera, en qualité d’intermittent du spectacle, sur les plateaux de cinéma et de télévision pendant plusieurs décennies, occupant tour à tour les postes de régisseur technique et d'ingénieur du son.


Sa carrière connaît un premier tournant au début des années 90, quand il prend les rênes d’une société de production et prestation technique en audiovisuel et spectacle vivant.

À ce poste, véritable interface entre le monde technique et le monde de la création, il côtoie aussi bien des techniciens que des artistes.

Pendant ces années, il développe des savoir-faire en matière de pilotage administratif et budgétaire, tout en continuant d’intervenir comme ingénieur du son sur des plateaux de télévision, de cinéma ou de festivals comme celui de Carcassonne.


C’est par le biais du monde professionnel, et sur les recommandations du responsable de la post-production de France 3 qu’Alexandre Beznosiuk met un pied dans l’enseignement en participant à la création du BTS audiovisuel au lycée des Arènes, pour lequel il monte de toute pièce l’option métiers du son.


À cette occasion, Il se découvre une seconde nature et une vraie appétence pour la transmission et l’ingénierie pédagogique.


Cet appétit ne le quittera plus, même s’il met un point d’honneur à garder un pied dans le monde professionnel pour rester aux prises avec le métier et suivre ses évolutions notamment technologiques. Ce qui le mène progressivement à prendre des responsabilités nouvelles jusqu’à tenir le poste de chef de travaux de la section de BTS au lycée des Arènes. Lauréat du Capet (Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement Technique), il est titularisé en 2000.


Il est alors remarqué par l’équipe de l’Ensav dont il devient chargé de cours, encouragé par Robert Ruiz, alors responsable du parcours son (poste qu’il occupera à son tour) et Guy Chapouillié, directeur fondateur de l’école.


Au sein de l’Ensav, Alexandre Beznosiuk s’investit tout autant dans l’enseignement que dans le montage et le suivi de grands projets structurants qu’ils soient budgétaires, partenariaux, de formation ou relatifs au développement du numérique.

En 2010, il succède à Jean-Louis Dufour, appelé à la direction de l’Ensav, comme directeur des études. Il coordonne la réflexion autour de la nouvelle offre de formation et la création des nouvelles maquettes pour les campagnes 2015-2020 et 2021-2025.

Désormais, et devenu, à son tour, depuis la fin de l’année dernière, directeur de l’École, il entend porter le projet d’un établissement ne formant pas seulement des futurs professionnels opérationnels et techniciens de l’industrie. « En qualité d’école publique, nous devons encourager nos étudiant·e·s à porter une vision décloisonnée et critique sur l’industrie du cinéma, et à s’adapter aux mutations aussi bien technologiques qu’économiques de ce secteur exigeant et en perpétuelle évolution.», souligne Alexandre Beznosiuk.

Cet esprit Ensav est reconnu et apprécié par le milieu justement. Et le directeur de rappeler une anecdote : « Il y a quelques semaines, nous avons été sollicités pour collaborer avec le Théâtre de la Cité. La polyvalence, l’esprit critique et la compréhension holistique des enjeux tout autant que les qualités techniques des étudiants impliqués ont été soulignés ».

Un projet original et personnel


Car le cœur du projet pédagogique de l’Ensav, c’est d’accompagner le mûrissement d’un projet original et personnel, ce qui explique que la sélection soit difficile (500 demandes initiales, 200 dossiers examinés, 75 présents lors des épreuves pratiques pour une promotion de 32 étudiant·e·s finalement retenue·s). « Nous cherchons un peu des moutons à cinq pattes. Des passionnés de cinéma, de littérature et d’arts avec un vrai regard sur la création mais aussi des vrais potentiels techniques et scientifiques. Car travailler dans la création audiovisuelle nécessite un engagement individuel extrêmement fort mais qui ne peut vivre que dans la pleine conscience de l’acte collectif, en respectant tous les acteurs du processus de création. », explique-t-il.


La garantie aussi que les diplômé·e·s de l’Ensav trouvent leur place. Et Alexandre Beznosiuk d’évoquer le récent tournage de Siècle productions pour Arte dans la cour de l’école : « Sur les 25 membres de l’équipe, 16 étaient des diplômés de l’Ensav. Une belle fierté pour nous !».

Et de détailler : « c’est dans ce cadre et pour soutenir l’adaptabilité des Ensaviens que nous souhaitons développer une formation à la réalité augmentée, proposer un accompagnement à l'insertion professionnelle ou faciliter le traitement par les élèves de commandes extérieures émanant de membres de l’université comme des laboratoires. Sans oublier de nous ouvrir vers la formation continue !» De vrais défis pour asseoir l’Ensav comme acteur de qualité en matière de formation au cinéma et à l'audiovisuel !


Mais tout ceci ne serait rien sans un vrai moteur pour faire vivre la flamme. La passion du terrain, du concret encore et toujours. Cette passion, Alexandre Beznosiuk la rencontre auprès des professionnels en herbe, que sont ses étudiant·e·s. Et le directeur de conclure en évoquant le plaisir sincère et encourageant qu’il éprouve lors de ses échanges au détour de la cour de l’école pour parler simplement d’une nouvelle caméra, d’un nouveau matériel d’éclairage, de son ou d’un projet de scénario.

Crédit photo : Yohann Gozard