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Bel exemple de science participative, le projet Silent Cities présente les paysages sonores d’un monde confiné

Publié le 9 mai 2020 Mis à jour le 11 mai 2020

Un projet porté entre autres par Samuel Challéat, chercheur au laboratoire GEODE

La pollution sonore est un phénomène auquel le vivant doit désormais faire face dans une grande partie du monde. Les sources de bruit d’origine anthropique sont multiples, d’une grande variété, réparties de façon non uniforme dans l’espace car essentiellement concentrée dans les espaces à dominante urbaine : véhicules motorisés, usines, chantiers, manifestations et autres événements extérieurs se produisant dans l’espace public…

Mais depuis le début du confinement, 17 mars pour la France, nombre d’habitants se sont émerveillés de réentendre le champ des oiseaux, à défaut de celui des avions, dans leur quotidien de citadins. En révélant la richesse des sons d’origine animale jusqu’alors occultée par une multitude de sons d’origine humaine, la diminution soudaine des flux physiques urbains façonne de nouveaux paysages sonores. Cette renaturation est au cœur même du projet collaboratif Silent Cities, mené par un groupe de quatre chercheurs en géographie environnementale, en biologie, en écologie et en intelligence artificielle : Samuel Challéat (laboratoire GEODE), Nicolas Farrugia, Amandine Gasc, Jérémy Froidevaux.

En effet, depuis le 18 mars, l’équipe récolte les enregistrements sonores envoyés par des particuliers équipés d’enregistreurs spécifiques. Leur objectif est de documenter ces paysages sonores atypiques à l’aide de relevés acoustiques réalisés dans de nombreuses villes du monde, et d’étudier les modifications des paysages sonores dans les villes confinées en les comparant à l’éco-acoustique en période normale. Pour cela, les sons sont enregistrés régulièrement et à heures fixes.

Confinement et science participative se mettent au diapason

Pour mener à bien ce projet, l’équipe a d’abord dû adapter la recherche terrain à une situation spécifique du confinement. Puisque les déplacements et expérimentations de plein air sont rendus impossibles, les chercheurs ont développé un protocole participatif standardisé qui, tout en étant suffisamment simple pour pouvoir être mis en œuvre dans le respect des mesures de confinement, autorise néanmoins la collecte d’enregistrements de suffisamment bonne qualité pour assurer leur validité du point de vue de l’analyse scientifique. Diffusé ensuite largement à travers les réseaux, l’appel à participation a trouvé un bel écho dans la communauté scientifique mais aussi auprès de naturalistes amateurs, de journalistes mais aussi d’artistes.

A ce jour, plus de 180 personnes issues de 32 pays du monde participent au projet et sont mentionnés en tant que co-auteurs de cette recherche. Les enregistrements, réunis sur une plateforme en ligne, sont eux accessibles à tous et sous licence Creative Commons.

Un projet qui résonne dans différents champs disciplinaires

L’expérimentation devrait durer jusqu’à fin juin en France et permettre d’apporter une contribution originale à la connaissance et à la compréhension des socioécosystèmes urbains, qui font notre quotidien. 
Au-delà des apports spécifiques à la biologie, à l’écologie des populations ou encore à l’écologique comportementale et évolutive, les enregistrements recueillis par le projet Silent•Cities devraient également permettre l’exploration de nombreuses questions au prisme de l’interdisciplinarité.

Les premières publications sont attendues pour l’automne prochain.

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