La Sueur et la poussière : regards croisés entre histoire du travail et histoire de l'environnement

Au printemps 2020, la pandémie mondiale de Covid-19 a conduit au ralentissement des circulations globales et à l’interruption provisoire de certaines activités productives, entraînant alors des phénomènes inédits d’un point de vue environnemental, tels que la baisse des émissions de gaz à effet de serre ou l’incursion d’animaux sauvages dans le centre des plus grandes mégalopoles de la planète.

Ces événements ont suscité une cacophonie discursive quant aux racines écologiques, économiques et sociales de cette crise planétaire et ont alimenté tout un imaginaire du (des) possible(s) « monde(s) d’après ». Dans ce contexte, la question du travail s’est imposée avec force dans le débat public.

Dans un premier temps, l’interruption des activités a été l’occasion de réactiver le débat sur la définition des besoins essentiels et de l’étendre à certaines catégories de travailleurs, eux aussi considérés comme essentiels.

Par la suite, les mois de l’après-confinement ont été marqués par le phénomène de la « grande démission » (big quit), suscitant une pénurie de main d’oeuvre dans des aires aussi différentes que l’Amérique du Nord ou l’Asie du Sud-Est. Souvent silencieuse, cette prise de distance des travailleurs avec leurs emplois s’est parfois exprimée de manière plus bruyante, notamment au travers des appels à « déserter » certaines activités accusées de contribuer à amplifier le réchauffement climatique.

Finalement, l’expérience de la pandémie a donc donné matière à réflexion à de nombreux auteurs désireux d’interroger le sens du travail, ses finalités et ses implications écologiques.

Ces différents phénomènes témoignent de croisements entre la question du travail et la question de l’environnement que ce colloque international entend réinscrire dans une perspective historique. Il présente la caractéristique d’être porté conjointement par deux associations nationales et deux réseaux internationaux, dans lesquels les responsables scientifiques du colloque sont tou.te.s activement impliqué.es : d’une part, le RUCHE (Réseau universitaire de chercheurs en histoire environnementale) et l’ESEH (European Society for Environmental History) ; d’autre part, l’AFHMT (Association française pour l’histoire des mondes du travail) et l’ELHN (European Labor History Network).

En mars 2023, une vingtaine de membres de ces collectifs se sont réuni.es à l’occasion d’une première journée d’études dans les locaux du Centre d’Histoire Sociale des Mondes Contemporains (Paris) afin d’identifier les axes et les enjeux de ce colloque international destiné à faire dialoguer l’histoire du travail et l’histoire environnementale.

Accueilli à Toulouse par le laboratoire Framespa, ce colloque se veut être un point d’étape sur les regards croisés portés par des spécialistes nationaux et internationaux en histoire environnementale et en histoire du travail.

En savoir plus.